L’exercice ne prend pas plus d’une minute: Je m’assois, ferme les yeux, me concentre et crée quelques secondes de vide dans ma tête. L’instant ne dure pas, ma concentration vacille et des pensées vagabondes envahissent mon esprit, la méditation se brise. Je recommence autant de fois que je le souhaite : Je chasse les nouvelles idées avant qu'elles ne s'installent et je laisse celles qui m’habitent s’estomper. Toujours, j’obtiens un moment de paix, puis les pensées, les émotions et les sensations (1) reviennent à la charge. Ces pauses volontaires m’apaisent quelques instants, elles donnent un (tout petit) peu d’ordre au chaos.
C’est ça, le premier des deux vides. Je m’y sens comme dans l’œil du cyclone. C’est un équilibre imparfait, fragile et fugace, un éclair de contrôle (quelque peu illusoire) sur l’océan bouillonnant de la vie.
Le tourbillon incessant dans lesquelles baignent nos têtes est pour moi une injonction primale : Celle de vivre, d’être animé (2). C'est une énergie inépuisable que nous savons apprendre à utiliser. Pour cela, il faut bien pouvoir la voir et la focaliser, de là l’importance du premier vide. Je le cherche avant de commencer à écrire, ou quand je me sens incapacité par les idées qui se bousculent. Rarement, il m’arrive de ne pas pouvoir l’atteindre par fatigue ou excitation de l’esprit. Alors, je dors pour retrouver mes forces, ou me m'épuise pour calmer ces dernières. Ainsi, je sais me retrouver moi-même.
Des fois, le vide, je l’expérience malgré moi. Dans ce genre de situation, le vide n’est pas un court et rapide phénomène. Le second vide commence comme ça, de lui-même, un matin et ne me quitte pas pendant une journée ou une semaine. Ces jours-là, je sonde mon esprit et n’y trouve aucune pensée vagabonde, aucune musique, et toutes les sensations y sont assourdies.
Entouré d'un néant brumeux et pâteux, je ressens une horreur aux propensions cosmiques. Si le foisonnement des pensées, qu’elles soient pertinentes ou non, m’apparaît comme une énergie primordiale, son absence équivaut à l’idée d’être mort à l’intérieur, de n’être vivant qu’au sens biologique. Sans tempête sous le crâne je me sens coupé de la force normalement continue et infinie, celle là même qui rime pour moi avec tout ce qu’il y a de grandiose et de beau dans l’humanité.
C’est ça, le premier des deux vides. Je m’y sens comme dans l’œil du cyclone. C’est un équilibre imparfait, fragile et fugace, un éclair de contrôle (quelque peu illusoire) sur l’océan bouillonnant de la vie.
Le tourbillon incessant dans lesquelles baignent nos têtes est pour moi une injonction primale : Celle de vivre, d’être animé (2). C'est une énergie inépuisable que nous savons apprendre à utiliser. Pour cela, il faut bien pouvoir la voir et la focaliser, de là l’importance du premier vide. Je le cherche avant de commencer à écrire, ou quand je me sens incapacité par les idées qui se bousculent. Rarement, il m’arrive de ne pas pouvoir l’atteindre par fatigue ou excitation de l’esprit. Alors, je dors pour retrouver mes forces, ou me m'épuise pour calmer ces dernières. Ainsi, je sais me retrouver moi-même.
Des fois, le vide, je l’expérience malgré moi. Dans ce genre de situation, le vide n’est pas un court et rapide phénomène. Le second vide commence comme ça, de lui-même, un matin et ne me quitte pas pendant une journée ou une semaine. Ces jours-là, je sonde mon esprit et n’y trouve aucune pensée vagabonde, aucune musique, et toutes les sensations y sont assourdies.
Entouré d'un néant brumeux et pâteux, je ressens une horreur aux propensions cosmiques. Si le foisonnement des pensées, qu’elles soient pertinentes ou non, m’apparaît comme une énergie primordiale, son absence équivaut à l’idée d’être mort à l’intérieur, de n’être vivant qu’au sens biologique. Sans tempête sous le crâne je me sens coupé de la force normalement continue et infinie, celle là même qui rime pour moi avec tout ce qu’il y a de grandiose et de beau dans l’humanité.
Illustration des propensions cosmiques. Notons que ce vide n'est pas vide du tout. |
Mais même cette peur est édulcorée dans ces moments où je ne suis pas moi-même. Je n’arrive pas à réagir et m’empêtre, comme dans une toile d’araignée couverte d’un poison soporifique. Le plus souvent, ces journées disparaissent brusquement dans des broutilles (lire ici internet) qui renforcent cette dissociation entre une existence passive et ma vie active. Je deviens sensible aux influences que je décrivais il y a quatre semaines (3). Il me semble que ma vie ne m’appartient plus et je vais naturellement vers le confort dans tous les aspects de l’existence. Pourtant, lorsque je me sens moi-même, je redoute trop de confort : Mes choix les plus éclairés m’en ont toujours éloigné, les décisions que je regrette m’en approchaient.
Christian Bobin écrivait, pas plus tard qu’il y a trois ans : « Je ne cherche pas un abri. Ce ne serait qu’un endroit pour y mourir sans bruit. Je cherche ce qui arrive quand on n’est plus protégé et qu’on a plus peur de rien. (4)» Je suis d’accord avec Bobin, si on ne trouve pas les skelettes des oiseaux, c’est qu’ils se cachent pour mourir (5), de même nous nous rappelons des vies que de ceux qui osent vivre dehors. Vivre sans peur, peut-être pas, mais au moins, j’essaierai de le faire courageusement.
- Sans parler de la musique.
- Dans ce cas, animer, du latin anima, le souffle de la vie, animare, donner la vie.
- Vous pouvez en lire plus à ce propos ici: 5. Choix et paralysie, un essai.
- Christian Bobin, La grande vie.
- La Mort des oiseaux, François Coppée.
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